Journée « portes ouvertes » dans l’un des hauts lieux de la vivisection, le CEA de Fontenay-aux-Roses

Jean-François Dumas

Le CEA de Fontenay-aux-Roses « ouvre ses portes », (ou du moins quelques-unes !) à l’occasion de la fête de la science. Hélas, avec la « science » qui y est pratiquée, ce n’est jamais la fête pour les animaux rats, souris, macaques, ou autre petits singes qui y sont manipulés !

Macaca fascicularis, une des espèces cobaye  du CEA, Division Science du vivant
Macaca fascicularis, une des espèces cobaye du CEA, Division Science du vivant
Alors qu’un puissant mouvement se dessine en faveur du développement de méthodes substitutives à l’expérimentation animale, mouvement qui implique de nombreux chercheurs en toxicologie et en biomédecine, au CEA de Fontenay, c’est l’inverse qui se produit : on raffine, on innove dans les procédés de vivisection de malheureux animaux captifs dans les animaleries que le public ne visitera pas.

MIRCEN : la vivisection dernier cri…

Dans ses murs, le CEA de Fontenay héberge « MiIRCen », un institut de la division des sciences du vivant dans lesquelles le CEA s’est en partie reconverti. MIRCen possède une « plateforme » qui «propose son expertise pour l'élaboration de vecteurs viraux AAV et lentivirus en vue du développement de modèles pathologiques et l'évaluation de nouvelles pistes thérapeutiques. » En clair, MIRCEN utilise et vend des méthodes sophistiquées pour rendre malade des chimpanzés, des macaques, des rats, des souris ou autre espèce d’animaux et tenter ensuite de voir les effets que produisent sur eux certaines thérapeutiques. Selon le jargon de la fiche de présentation, la plateforme permet «- de développer des modèles animaux pertinents de pathologies, notamment par administration de vecteurs viraux selon des procédures expérimentales (anesthésie, réveil…) validées chez le primate non-humain et le rongeur (rat, souris), - de tester de nouvelles thérapies par injection de vecteurs viraux ou par greffes cellulaires. » La plateforme dispose d’une une animalerie pouvant emprisonner dans l’attente de leur supplice, 2500 rongeurs et 350 primates (chimpanzés, macaques, petits lémuriens, entre autres). Pour les animaux soumis à de tels tests, qu’ils soient encore malades ou bien guéris, l’issue sera toujours fatale. Dans le dernier cas, ils auront eu la chance d’être exécutés en bonne santé. Quand ce ne sont pas les nécessités de l’expérience, c’est la loi qui exige, par précaution, que les animaux soient tués à la fin des supplices qu’ils ont subis. Sans considération aucune, ils sont traités comme des déchets malpropres, déchets qui pourraient être dangereux et qu’il faut éliminer dans les règles de l’art. Et l’on a le culot de parler d’éthique et de comités d’éthique (maison) validant ce type de pratiques.

IRCM : la vivisection irradiante à la demande

Toujours dans les murs du CEA, non loin de MIRCen, il y a une autre installation dont le CEA est fier et fait la promotion : « une plateforme d’irradiation pour l’étude des faibles doses » gérée par IRCM (Institut de radiobiologie cellulaire et moléculaire) un autre institut du CEA. Cette plateforme d’irradiation peut être utilisée, moyennant finance par tout laboratoire qui veut étudier les effets des rayonnements sur le vivant. « Elle est, nous dit le texte de présentation, plus particulièrement optimisée pour les faibles doses et offre un large spectre de débits de rayonnements gamma » Elle permet « l’irradiation d’organismes entiers (rongeurs, primates non hominoïdes,… » c’est-à-dire des petits singes comme le microcèbe mignon. Le dispositif permet de les irradier tout entier ou seulement une partie de leur organisme (organe in situ précise le texte). Bref, voilà un bel outil pour une vivisection bien contemporaine dont il y lieu d’être légitimement fier. Comme quoi, on n’arrête pas le progrès, même dans l’horreur.

Il faut reprendre cette citation de Gandhi que j’avais mentionnée à propos de la corrida que la France se refuse à abolir «On peut juger de la grandeur d’une nation par la façon dont les animaux y sont traités » Mais là, c’est encore bien pire, car ce n’est pas seulement une nation qui est en cause mais toute une civilisation, la civilisation occidentale, la nôtre. Nous devrions avoir honte de cette science sans conscience, sans respect pour la vie, donc fatalement sans respect pour la planète.

Sans compter que l’extrapolation des résultats des expérimentations sur les modèles animaux aux hommes est sujette à caution et ne garantit ni l’efficacité, ni la non-toxicité d’une molécule ou d’une thérapie, chaque espèce étant différente et aucune ne reproduisant la physiologie humaine avec une fidélité suffisante. Les cas d’échec de ces procédures abondent comme on peut le constater à la lecture de Science, enjeux, santé, la revue de l’association Pro Anima qui milite et promeut des méthodes de substitution à la vivisection.

Utile ou non, fiable ou non, la vivisection n’est pas acceptable. Je citerai une fois encore ce texte d’Hibou Gris : « « (Que la vivisection soit) profitable ou non, je trouve la rançon beaucoup trop élevée pour la créature qui en fait les frais, je la trouve même si exorbitante que je ne me sens pas le droit d'en exiger le paiement. Oui, j'avoue que je n'aurais pas la conscience tranquille si je savais qu'il a fallu torturer des centaines d'animaux innocents et les faire périr dans d'horribles souffrances pour que je vive un peu plus longtemps, moi qui finirait toujours par mourir » Grey Owl, Tales an Empty cabin, trad. Fr. Ambassadeur des bêtes, Boivin, Paris, 1951, p. 244-245.

Dimanche 13 octobre, faut-il aller au CEA de Fontenay-aux-Roses et y emmener ses enfants ? La « science » lorsqu’elle choisit la vivisection comme méthode d’investigation ne mérite vraiment pas qu’on la fête et il y a tant d’autres manifestations dans la région…


Commentaires (1)
1. TEXIER Damien le 07/09/2016 23:21
Bravo M.Dumas vous avez tout dis.

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